Avant 1972, le suicide était classé comme un acte criminel, ce qui signifie que l'humanité n'a commencé à étudier sérieusement la prévention du suicide que depuis 52 ans.
“Le suicide est un crime religieux et social.”
-Alfred de Vigny - Chatterton, dernière nuit de travail (1834)
Le comportement suicidaire est un problème majeur à travers le monde et, en même temps, a reçu peu d'attention empirique. Ce manque d'attention empirique est dû en partie à un manque relatif de développement théorique concernant le comportement suicidaire. Environ un million de personnes dans le monde sont décédées par suicide en 2000, et les estimations suggèrent que 10 à 20 fois plus de personnes ont tenté de se suicider (Organisation mondiale de la santé, 2008).
Comment peut-on expliquer ce déficit sur le plan de la recherche empirique? Selon le DSM Le suicide est la mort causée par un acte d’autodestruction destiné à provoquer la mort. Les comportements suicidaires font référence aux suicides effectifs, aux tentatives de suicide et aux idées suicidaires (pensées et idées).
● Suicide effectif : Il s'agit de l'action délibérée de mettre fin à sa propre vie, entraînant la mort.
● Tentative de suicide : Ce terme désigne une action visant à mettre fin à sa vie, mais qui ne réussit pas à entraîner la mort. Une tentative de suicide peut résulter ou non en des blessures.
● Idées suicidaires : Ces idées incluent les pensées, les plans et les préparatifs liés au fait de mettre fin à sa propre vie.
Entre autre, tous les comportements liés au suicide sont auto-initiés. Ces comportements peuvent varier en termes de présence ou d'absence d'intention de mourir et de présence ou d'absence de blessures physiques subies. En l'absence d'intention de mourir, le terme auto-mutilation est utilisé (par exemple, l'auto-coupe dans le cadre de la régulation émotionnelle). Il faut savoir que le comportement suicidaire est difficile à étudier
Prinstein (2008) note: "Peu de modèles théoriques ont été proposés pour aider à comprendre l'automutilation de la manière dont d'autres manifestations de la psychopathologie ont été examinées. En particulier, peu d'études ont considéré des modèles intégratifs qui abordent l'interaction entre les systèmes dynamiques au sein de l'individu et entre les individus et leur environnement"
D'abord, des échantillons très importants sont nécessaires car les taux de base des tentatives de suicide et des décès sont faibles dans la population générale (Moscicki, 2001).
Les personnes présentant des comportements suicidaires sont souvent exclues des essais cliniques en raison de préoccupations de sécurité de la part des chercheurs (Rudd, Joiner, & Rajab, 2001).
Enfin, les personnes décédées par suicide ne sont pas disponibles pour des évaluations psychologiques!
Selon la théorie interpersonnelle liée au suicide, la forme la plus dangereuse de désir suicidaire est causée par la présence simultanée de deux constructions interpersonnelles
1- L'appartenance contrariée et le fardeau perçu (et le désespoir concernant ces états) 2- La capacité à s'engager dans un comportement suicidaire soit distincte du désir de s'engager dans un comportement suicidaire.
La capacité de comportement suicidaire émerge, via l'habituation et les processus antagonistes, en réponse à une exposition répétée à des expériences physiquement douloureuses et/ou suscitant la peur.
Les hypothèses de la théorie sont plus précisément délimitées, dans le but d'inviter à une enquête scientifique et à une éventuelle réfutation des hypothèses de la théorie.
En effet, la forme la plus dangereuse du désir suicidaire est causée par la présence simultanée de deux constructions interpersonnelles - le sentiment d'appartenance contrariée et le sentiment de fardeau perçu - et en outre, la capacité à s'engager dans un comportement suicidaire est distincte du désir de s'engager dans un comportement suicidaire.
Suite au diagramme de Venn, la théorie met en avant une zone de chevauchement entre les deux constructions mentionnées et les deux principales pensées des conduites suicidaires. Cette zone de chevauchement est appelée “Leathal or near leathal suicide attempt”.
Entre pensées et conduites, nous essayons de définir les attitudes, expressions, conduites ou n’importe quel autre indice de tentatives possibles à venir.
La littérature indique les éléments suivants en tant que facteurs de risque de suicide :
-Troubles mentaux
-Antécédents de tentatives de suicide
-Isolement social
-Conflits familiaux
-Chômage
-Maladies physiques
-Impulsivité
-Incarcération
-Désespoir
-Variation saisonnière
-Dysfonctionnement sérotoninergique
-Agitation/sommeil
-Abus durant l'enfance (traumatisme/psychotraumatisme)
-Exposition au suicide
-Sans-abrisme
-Exposition au combat
-Faible ouverture à l'expérience
-Solidarité
-Estime de soi et honte
“Une détresse trop grande peut conduire au suicide, même si le suicide n'est au fond réellement qu'un appel au secours, entendu trop tard...”
(Bruno Samson- L’amer noir)
Méfiez-vous des apparences et prenez soin de vous et de ceux qui vous entourent.
Références :
American Psychiatric Association. (2000). Diagnostic and statistical manual of mental disorders (4th ed., text rev.). https://doi.org/10.1176/appi.books.9780890423349
Joiner, T. (2005). The interpersonal theory of suicide. American Psychologist, 60(1), 102–105. https://doi.org/10.1037/0003-066X.60.1.102
Jobes, D. A. (2016). The CAMS approach to suicide risk: Philosophy and therapeutic strategies. In S. N. Goldstein, J. B. W. Williams, & R. L. Frierson (Eds.), Cognitive behavioral therapy with adults: A guide to empirically informed assessment and intervention (pp. 253-278). American Psychological Association. https://doi.org/10.1037/14942-010
Maya Ghedira
Étudiante en Master Professionnel en Psychologie Clinique et Psychopathologie